Il y a des saisons qu’on ne lit pas sur le calendrier. Certaines se devinent dans les conversations, sur les affiches, à travers les annonces… quelque chose bouge. Depuis quelques mois, l’île Maurice vit un de ces moments-là : celui d’un retour en force du reggae et du seggae, dehors, devant un public, là où ces musiques ont toujours trouvé leur souffle.

To santi li?

Cette énergie positive, cette envie soudaine de sortir, de taper du pied, de se laisser emporter par le son.… Le pays a retrouvé son tempo. Après des années où la musique se vivait plus sur les écrans que sur scène, les artistes reprennent les devants, les voix montent, et tout Maurice retrouve son élan.

Les racines qui ne fanent pas

Avant de parler de renaissance, il faut parler de racines.
Le reggae, né dans la Jamaïque des années 70, est arrivé chez nous comme un écho – une musique d’âme et de revendication qui parlait aussi à notre propre histoire. Et puis un jour, un homme a décidé d’en faire quelque chose de profondément mauricien : Kaya. Avec ses dreadlocks, sa guitare et sa voix pleine de vérité, il a fusionné le séga de nos racines et le reggae venu des îles sœurs, créant un son nouveau : le seggae.

C’était plus qu’une invention musicale. C’était un cri du cœur. Une manière de dire “nou osi nou ena nou lamizik, nou fason exprim nou lavi”. Derrière Kaya, d’autres ont suivi : Ras Natty Baby, Natir, Tian Corentin, OSB Crew, Blakkayo, Ras Ninin, The Prophecy, Bilygane… Des générations différentes, mais la même envie : utiliser la musique pour parler vrai, pour réveiller les consciences, pour rassembler.

L’île se souvient, mais avance

Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas qu’un hommage au passé. C’est une suite. Une continuité naturelle d’un mouvement jamais mort, juste en sommeil. Pendant des années, le reggae et le seggae ont survécu dans les coins, les petits bars, les cours arrière, les guitares autour d’un feu. Maintenant, ils reprennent les grandes scènes, les parkings, les jardins, les festivals.

Ce retour en plein air dit quelque chose de profond sur nous, les Mauriciens : on a besoin de se retrouver. On a besoin de se rappeler qu’avant les écrans, les stories et les playlists, il y avait des foules réelles, des corps qui bougent, des regards qui se croisent. Le reggae, c’est la musique du vivre-ensemble – pas du virtuel.

Dehors, la vérité reprend la parole

Et c’est justement cette authenticité que le public va retrouver dans les semaines à venir : Live Session à Flic en Flac, avec The Prophecy, OSB Crew et Bilygane, promet une soirée où trois univers, trois générations et une même énergie se rencontrent.

Et ce n’est pas tout. La fin de novembre vibrera au son du Jamrock Reggae Festival, grand rassemblement open-air au stade Anjalay, avant que le OneLive Muzik Festival ne ramène Danakil à Port-Louis pour deux concerts exceptionnels.

Enfin, BLAKKANONYM: la collaboration tant attendue entre Blakkayo et le groupe Anonym fermera l’année en apothéose. Cette première scénique promet une expérience musicale inédite et spectaculaire, où le groupe Anonym prêtera sa puissance instrumentale au flow de Blakkayo pour un show d’anthologie.

Ces soirées ne sont pas de simples dates : elles incarnent un mouvement. Une scène locale en pleine effervescence, portée par la passion et la sincérité.

Une culture qui respire à nouveau

Ce renouveau dépasse la musique. Il traduit une soif de sens, de partage, de reconnexion. Les textes conscients reviennent, les riddims roots côtoient les sons modernes, et le public mauricien – toutes générations confondues – répond présent.

Le seggae, longtemps considéré comme un symbole du passé, redevient un langage du présent. Les jeunes artistes ne copient pas : ils traduisent, ils adaptent, ils prolongent. Et le public suit, parce qu’il se reconnaît dans ces morceaux qui parlent d’amour, de respect, de justice, de fierté.

Et maintenant ?

Le reggae et le seggae ont traversé les décennies, les modes, les silences. Aujourd’hui, ils se tiennent debout, plus vivants que jamais. Loin d’être des musiques “alternatives”, elles redeviennent ce qu’elles ont toujours été : la voix du peuple.

Alors oui, quelque chose bouge à Maurice. Quelque chose de simple et d’essentiel : l’envie de vivre ensemble, de chanter fort, de sentir les vibrations passer d’un cœur à l’autre. Et c’est dans ces soirées uniques que cette énergie prend forme.

Parce qu’au fond, ce n’est pas qu’une histoire de musique. C’est une histoire d’identité. Ce besoin presque charnel de se retrouver autour d’un rythme qui nous rassemble et nous définit. Et lorsque les basses grondent et que la foule répond d’une seule voix, on mesure la vraie force de la musique : celle qui nous unit.

Toutes les informations et billets sont disponibles sur Otayo – là où la musique se vit pleinement.