Kaya : Mo zistwar pa facil pu to efase…
Depuis 2022, le 21 février marque le Seggae Day, une journée décrétée par l’État en hommage à Joseph Réginald Topize, dit Kaya, Lerwa Seggae. Cette date mémorable lie l’histoire, l’émotion, et une quête de justice infatigable après sa tragique disparition. C’est aussi le jour où le seggae, héritage musical, résonne d’une passion éternelle…
21 février – Seggae Day, ki ete sa?
Le 21 février, jour funeste marqué par la disparition brutale de Kaya, résonne désormais au rythme du Seggae Day! Une journée où l’île, unie dans son émotion, se retrouve autour de concerts et d’événements chargés de sens.
Au cimetière de Roche-Bois, une foule émue vient fleurir la tombe du chanteur. Les festivités musicales et les ateliers sur le seggae se multiplient, notamment dans les écoles, pour transmettre l’essence de cette musique révolutionnaire aux jeunes générations.
Ce jour, empreint de souvenirs poignants, rappelle non seulement la perte d’un pionnier musical, mais aussi les événements bouleversants qui ont secoué Maurice après sa disparition.
Plus qu’une simple commémoration, cette journée est un symbole fort. Elle porte en elle la lutte pour la justice, la liberté, et le pouvoir de la musique, qui reste vivante dans chaque note de seggae jouée en l’honneur de Kaya.
Lamizik seggae bizin zwe!
Hélas, bien que le Seggae Day soit officiellement reconnu, la musique seggae demeure injustement sous-estimée et marginalisée. Cette forme musicale, intimement liée à la culture rasta, a une histoire riche et une signification culturelle profonde.
Pourtant, elle peine toujours à obtenir la reconnaissance qu’elle mérite. De plus, le seggae constitue une expression authentique de l’identité et des luttes du peuple mauricien, tout comme le séga, désormais reconnu par l’UNESCO. Il est impératif de lui accorder la visibilité et le respect qu’il réclame légitimement.
Ainsi perdure la lutte pour la pleine valorisation, la reconnaissance et la préservation du seggae. Ce combat se perpétue en hommage à Kaya, l’innovateur du seggae, qui chantait l’amour et plaidait pour la justice, s’opposant à ceux qu’il appelait « enn bann rebel, enn bann sintétik » et « enn bann ras viper ». Kaya, lui, refusait de « viv articifiel ».
Même après un quart de siècle depuis sa disparition, la mémoire de Kaya et des événements du 21 février 1991 reste bien ancrée, soulignant l’impact durable de cette voix engagée qui continue de vibrer dans le cœur et l’histoire de la musique seggae.
Chronologie d’une histoire révoltante
16 février
Lors d’un concert pour la dépénalisation du cannabis à Rose-Hill, Kaya avait publiquement fumé un joint sans que les policiers n’interviennent. Cependant, des allégations ont incité la police à arrêter Kaya par la suite, contestant sa libération conditionnelle. Il est ensuite placé dans la prison d’Alcatraz, aux Casernes Centres, à Port-Louis.
21 février
Un jour sombre, un rappel douloureux, une cicatrice béante dans l’histoire. C’est la journée où résonnent les échos du décès tragique de Kaya, le souverain du seggae, dans les entrailles de la prison d’Alcatraz, enveloppée de mystères. Il était alors âgé de 38 ans!
L’annonce de sa mort a fait l’effet d’une déflagration, secouant les fondations de la nation mauricienne. Des émeutes éclatent à travers le pays, se transformant en affrontements intercommunautaires dans certaines zones.
Les rues s’embrasent alors que les villageois et les forces de l’ordre se confrontent, notamment à Roche-Bois, ville natale de Kaya.
25 février
À la fin de ces troubles, le bilan est lourd : plusieurs morts, de nombreux blessés. Tragiquement, un autre chanteur de Roche-Bois, Berger Agathe, est abattu par les forces de l’ordre alors qu’il semblait appeler au calme. Les émeutes ont également été marquées par des actes de pillage et même l’évasion de 250 détenus.
Kantik, pu reklam la zistis
Les investigations autour de la mort de Kaya dans la cellule numéro 6 d’Alcatraz ont été entourées de controverses, avec des autopsies et contre-autopsies, incluant une par un expert étranger.
Les conclusions mentionnent une blessure à la tête, une lésion intracrânienne, laissant planer le doute sur la nature de ses blessures : auto-infligées en se cognant contre le mur de la prison selon les policiers, ou résultant de mauvais traitements infligés par ces mêmes agents de sécurité. On n’en saura jamais…
25 ans après, les détails troublants de cette «Zistwar Revoltan» demeurent enfouis dans les ténèbres du «Simé Lalimier», alimentant toujours la colère et l’indignation de ceux qui réclament justice. Malgré l’absence de réparation, l’héritage de Kaya continue de s’épanouir.
Comme le proclamait sa voix indomptable : «Sa mo kiltir mwa kinn donne, mo langaz zot tou koze, mo zistwar pas facil pu to efaser…»
Seggaeman Tuzur Vivan!