Du haut de la Petite Montagne, une sentinelle silencieuse veille sur la capitale et son port. Témoignage des premières décennies de la tutelle britannique à Maurice, le Fort Adélaïde attire bien des regards par sa silhouette imposante et ses murs de pierre noire. Bien que l’idée d’ériger une citadelle avait déjà été formulée au XVIIe siècle par les Français, le premier tracé de la forteresse actuelle remonte en fait à 1830, sous sir Charles Colville, le troisième gouverneur britannique de la colonie. Le fort fut à l’origine construit dans le but de protéger le port d’une éventuelle invasion mais aussi afin de mater toute éventuelle révolte de la population locale qui, à l’époque, pour ce qui est des libres, était principalement constituée de descendants de Français et de gens de couleur. Terminé en 1840, le fort ne servit jamais à des fins militaires ou de police car les tensions s’étaient déjà estompées. Il ne servit qu’à des mondanités. La Citadelle de Port-Louis reste néanmoins un des rares témoins de la période de transition entre l’abolition de l’esclavage et l’arrivée des travailleurs engagés.

Perché sur la colline de Port-Louis, plus connu comme la Petite Montagne, le Fort Adélaïde domine toute la ville et ses environs. Nommé ainsi en l’honneur d’Adélaïde, l’épouse du roi d’Angleterre Guillaume IV, dont les initiales et la couronne sont taillées dans la pierre du fronton d’entrée. Contrairement au Fort William et au Fort Victoria, la Citadelle n’est pas pas tombé dans l’oubli et la décrépitude ; des forts édifiés lors de la période britannique, c’est le seul encore intact.

Construit en pierres basaltiques, le fort fut conçu par le colonel Thomas Cunningham et il témoigne du savoir-faire des artisans de l’époque. Sa construction commença en 1834-1835 et ce ne fut pas une tâche aisée ; Maurice passait alors le cap de l’abolition de l’esclavage, se retrouvant avec une pénurie de main-d’œuvre importante. Pour ériger le fort, le gouvernement se tourna dans un premier temps vers les apprentis, les esclaves libérés, les prisonniers et même parfois quelques soldats. Toutefois, le manque flagrant de main-d’œuvre qualifiée força le recrutement en 1837 de tailleurs de pierres, maçons, ouvriers et autres artisans libres venus d’Inde afin de concrétiser la construction du fort.

La Citadelle est considérée comme un symbole lié au début de l’immigration indienne et la fin de l’esclavage non seulement en raison de ceux qui ont contribué à sa construction mais surtout pour les motifs qui conduisirent à sa construction. Durant les années 1830, l’île n’étant passée que depuis peu sous la tutelle britannique, un fort sentiment de révolte et d’opposition s’était installé parmi les Français établis dans la colonie – tant pour la perte de l’île qu’en raison de l’interdiction de la traite, puis de l’abolition de l’esclavage.

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Les nouvelles des Trois Glorieuses et des journées révolutionnaires de 1830 furent reçues dans l’île, alimentant ainsi les tensions. La population était alors constituée de blancs (8 000), de gens de couleurs (15 000) ainsi que d’esclaves (65 000). Les autorités britanniques se retrouvèrent ainsi face à deux préoccupations majeures ; la possibilité d’une attaque ennemie pour reprendre possession de cette l’île toujours convoitée par la France et l’éventualité d’une révolte alors que le seul appui des Britanniques était un effectif de 1 200 soldats et d’une centaine de civils se trouvant sur l’île.

La construction d’un fort permettant un appui défensif en cas d’invasion ou de révolte fut alors approuvée ; la colline de Port-Louis fut choisie comme lieu stratégique permettant un contrôle de la ville, du port et des versants de la montagne. Les quelques éléments d’un fortin antérieur mis en place en 1743 par le Français Antoine Marie Desforges-Boucher furent incorporés au sud-est des fondations de la structure actuelle. Néanmoins, lorsque la construction du fort fut terminée en 1840, la situation dans l’île s’était grandement améliorée ; s’étant tournée vers la culture betteravière, la France ne convoitait plus les plantations sucrières de l’île, les Français de l’île quant à eux reçurent une forte indemnisation suite à l’abolition de l’esclavage et leur relation avec les autorités locales s’améliorèrent.

Ainsi le fort perdit sa raison d’être et servit à signaler à coups de canon les incendies et les arrivées de personnalités importantes, ou simplement pour les tirs de canon journaliers. Au fil des années, le fort changea de vocation et devint un lieu d’initiatives culturelles tels concerts, spectacles et autres événements. Il est néanmoins devenu depuis peu un lieu de détente et de découverte ; s’ajoutant aux visites guidées, le fort propose un musée, un restaurant, une galerie d’Art et des échoppes.

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PLAN DE SITUATION:

Lieu : Rue Sébastopol, Petite Montagne
District : Port-Louis
Région : PORT-LOUIS
Coordonnées GPS : -20.163787, 57.510205

HORAIRES:

Jours et Horaires d’ouverture :
En jour de semaine de 9 h 00 à 16 h 00.